Rétablir en urgence l'autorité de l'Etat
Refondons les forces de Défense et de Sécurité
Depuis plus de 40 ans, les Forces de Défense et de Sécurité ont été détournées de leurs missions traditionnelles. Elles ont été politisées par les régimes successifs et, de ce fait, sont devenues un véritable danger pour la sécurité des personnes et des biens, la stabilité du pays et son économie.
Aujourd’hui, les hommes en tenue font plus peur aux populations qu’ils ne les rassurent. Recrutés pour la plupart sur des bases subjectives, mal formés, mal équipés et mal commandés, les personnels de notre Armée, de notre Gendarmerie et de notre Police ont perdu leur crédibilité et leur honneur depuis fort longtemps.
Certains d’entre eux ont associé leurs noms aux différentes mutineries et autres rébellions armées qui se sont succédées ces 20 dernières années dans notre pays. Ils ont, de ce fait, contribué à la destruction des biens publics et privés et aux graves atteintes aux droits humains. Il n’y a plus de cohésion au sein de nos forces de défense et de sécurité, par ailleurs gangrenées par une corruption à grande échelle. L’esprit de corps et de camaraderie a disparu.
La confiance est rompue depuis fort longtemps entre la troupe et la hiérarchie, entre l’armée et le pouvoir politique et, plus généralement, entre les populations et leurs forces de défense et de sécurité.
Nous nous engageons à redorer l’image de nos forces publiques et à recréer le lien « armée -nation ». Pour atteindre ces objectifs, nous mettrons en œuvre une politique cohérente et soutenue pour doter notre pays de Forces de Défense et de Sécurité (armée, gendarmerie et Police) républicaines et opérationnelles.
La sécurité à nos frontières et sur tout le territoire de notre pays sera notre premier défi à relever pour garantir une paix durable, stabiliser notre pays, attirer les investisseurs et faire de la République Centrafricaine une destination des affaires. En nous basant sur des programmes existants et dont les financements sont disponibles, nous engagerons une vaste réforme de notre système de sécurité.
Notre ambition est de doter nos forces de Défense et de Sécurité de conditions d’efficacité nécessaires à l’accomplissement de leurs missions.
La sécurité coûte cher, surtout quand il faut la reconstruire à l’issue d’une guerre civile. Il nous faudra donc y consacrer des moyens financiers importants: ceux du budget national et ceux de la coopération internationale, qu’elle soit bilatérale ou multilatérale.
Nous avons conscience que sans la maîtrise de la sécurité dans notre pays, nous n’attirerons aucun investisseur et ne réussirons aucun programme de relance de notre économie..
Restructurons l’Armée Nationale
Nous ferons de l’armée centrafricaine une armée de métier, républicaine et capable de protéger d’elle-même l’ensemble du territoire national et de garantir la sécurité à nos frontières.
A cet effet, un Livre blanc sera produit à l’issue des trois premiers mois du mandat présidentiel, qui traitera dans le détail, en fonction des menaces identifiées, des missions, de la taille et de la répartition géographique de nos forces armées. Quatre axes principaux seront privilégiés :
son opérationnalité,
la formation et la discipline de ses personnels,
son professionnalisme et son efficacité,
son autonomie et sa capacité à produire
Opérationnalité
L’armée nationale sera organisée en Zones de Défense, Régions Militaires et Bataillons territoriaux.
Ces différentes entités seront dotées de postes de Commandement adéquats.
A Bangui et dans les régions militaires qui seront stratégiquement réparties sur le territoire, les garnisons seront dotées en armements et en effectifs suffisants.
Notre armée devra être en mesure, à tout moment, de procéder à une projection rapide des unités dans les zones où la sécurité des frontières pourrait faire l’objet de menaces ou de risques d’agressions extérieures.
Les nouvelles FACAs logeront dans des camps militaires dotés de casernes. C’est à la fois une priorité et un impératif.
Dans ce sens, les casernes existantes seront réhabilitées et modernisées. Ailleurs, de nouvelles casernes seront progressivement construites et équipées aux normes.
Formation et discipline
En mettant en adéquation nos prévisions sur l’évolution du budget national et l’ampleur de nos urgences sécuritaires, nous projetons d’atteindre d’ici cinq ans un effectif de nos forces qui nous permettra de faire face aux menaces les plus immédiates.
Nous mettrons un accent particulier sur le recrutement et la formation des soldats. Ils seront recrutés sur des critères stricts et objectifs à travers tout le pays, tout en respectant une représentativité régionale équilibrée dans les forces.
Ils recevront une formation solide pour devenir des militaires engagés, loyaux, républicains, dévoués, patriotiques et imprégnés de leur mission principale, qui est de protéger leur pays et leur peuple des agressions extérieures. Ainsi, les Centres d’Instruction de Bouar et de Berengo seront réhabilités, tandis que l’Ecole Militaire des Enfants de Troupes (EMET) et l’Ecole Spéciale de Formation des Officiers d’Actives (ESFOA) devront être dotées de bâtiments et d’équipements modernes et adéquats.
Tous les corps de métiers seront mis en valeur et, à travers la Coopération Internationale, les officiers supérieurs seront formés dans les meilleures académies du Monde et nous ferons bénéficier à nos écoles militaires des enseignements dispensés par des instructeurs expérimentés et chevronnés.
La formation militaire devra également mettre un accent sur le civisme, la connaissance et le respect des valeurs de la République, l’éthique militaire, le respect de la hiérarchie, l’ordre et la discipline, ainsi que le respect des populations et de la vie humaine.
Professionnalisme et efficacité
Afin d’aguerrir nos soldats, le Gouvernement les associera au maximum de missions d’intervention et/ou de maintien de paix dans le monde.
Les entraînements seront soutenus et les exercices sur le terrain permanents. Le Budget des Armées devra permettre à nos forces de se doter des équipements nécessaires à l’accomplissement de leurs missions.
Les conditions de vie et de travail (salaires, habillement, alimentation, santé, etc.) des personnels militaires seront adaptées aux attentes de la Nation vis-à-vis de l’armée et leurs carrières mieux suivies. La désignation aux postes de responsabilité s’appuiera sur des critères objectifs (compétence, diplômes, ancienneté, …)
Des passerelles vers la vie civile seront offertes aux militaires atteints par la limite d’âge ou de durée de service
Autonomie et production
Nous ferons de l’Armée Nationale une armée de production, autonome et polyvalente qui, au quotidien, se montrera utile à sa patrie à travers ses différents corps: Bataillon spécial d’intervention rapide, Protection des populations, Armée de l’air, Armée de Terre, Amphibie, Génie militaire, Santé des Armées, Gestion des catastrophes, Communications, Renseignements, Activités de production économique, etc.
Génie militaire se verra confier des chantiers de construction des casernes, des routes, des ponts, des logements sociaux pour les militaires, etc.
Des financements seront négociés auprès de la coopération bilatérale pour la construction d’un hôpital des Armées doté des équipements les plus modernes.
Réorganisons la Gendarmerie et la Police
La police et la gendarmerie sont les garantes de la sécurité publique.
Elles doivent être accessibles à la population et être en mesure de faire de la prévention et d’intervenir rapidement dans la résolution de tous les problèmes de sécurité qui surviennent à l’intérieur du pays.
Nous les mettrons donc au cœur d’une politique de sécurité de proximité, en renforçant leurs effectifs ainsi que leur capacité d’action.
Gendarmerie
La gendarmerie nationale deviendra le fer de lance de nos forces de défense et sécurité.
Compte tenu du caractère militaire de ses statuts et la nature mixte de ses missions qui sont à la fois civiles et militaires, l’Etat mettra à sa disposition les moyens lui permettant d’assurer ses missions de recherche, du renseignement, de l’action directe, que ce soit en matière de police judiciaire, d’appui à l’administration ou d’opérations militaires. Les effectifs de notre gendarmerie devront lui permettre d’être opérationnelle sur toute l’étendue du territoire.
Dans ce sens, le maillage du pays en postes de commandement (Légions, Groupements de gendarmerie territoriale, Groupements de circulation routière, Compagnies et Brigades de Gendarmerie) tiendra compte de l’impératif de protection, d’assistance et de secours aux populations sur toute l’étendue du territoire national, y compris dans les zones rurales.
Opérationnalité
Le déploiement de la Police et de la Gendarmerie dans les différentes préfectures et sous préfectures obéira à un impératif de complémentarité et d’efficacité clairement défini. Il s’agira de marquer la présence de l’appareil répressif de l’Etat et d’assurer la maîtrise de la sécurité intérieure, tout en évitant tout conflit de compétences.
C’est dans ce sens que la présence de la gendarmerie et de la police ne sera plus seulement symbolique dans nos villes et zones rurales : la configuration des corps sera désormais adaptée à la densité de la population et aux types de risques. Comme dans l’armée, les critères de recrutements dans les différents corps (conception et direction, commandement, encadrement et application, etc.) seront définis et appliqués avec rigueur et un accent particulier sera mis dans la formation et l’entraînement.
Nous veillerons à ce que les questions d’éthique (impartialité, honnêteté, justice, lutte contre la corruption, civisme, etc.) soient au cœur de la formation des hommes. Les écoles nationales de Police et de Gendarmerie seront remises à niveau et disposeront de bâtiments et de moyens de formation modernes, pour être en mesure d’accueillir plus d’élèves.
Nous y recruterons des formateurs de qualité.
Nous enverrons un maximum d’hommes à l’étranger pour recevoir des formations spécialisées, afin de permettre à notre pays de disposer d’unités d’élite, de spécialistes du renseignement, d’enquêtes complexes et de maintien de l’ordre en situation de crise.
Des ressources seront consacrées à la réhabilitation et à la modernisation des brigades de Gendarmerie et des commissariats, afin de répondre aux attentes de la population. Les forces publiques seront dotées de moyens modernes, avec un accent particulier sur la communication, le numérique et l’Informatique.
Enfin, les lieux d’incarcération dans les brigades de gendarmerie et les commissariats de police seront respectueux des principes universels de droits de l’homme.